108 ans plus tard !

Publié par SEO590261 le

Le monde était convaincu en 1918 que la première guerre mondiale devait être la
« Der des der », la dernière des dernières. Il y a eu 1945, puis d’autres  guerres sur d’autres continents. Je me suis demandé ce qu’un “poilu” penserait de nous. Quel regard porterait-il sur notre époque. La représentation de ce soldat, au centre de mon village,  qui me regarda pendant cette cérémonie ce matin m’est apparue bien sévère. Depuis 1918, nous avons rebâti, détruit, rebâti, créé des alliances, des accords, de grandes déclarations, de beaux discours porteurs d’espoir. Ces déclarations ( certainement sincères) disparaissaient dès que les micros et caméras étaient éteints. C’est ainsi. Il y a des mots que nous n’aimons pas. Il y a des mots qui font peur : Mort, guerre… Parfois nous les substituons à d’autres d’apparence plus acceptables : Départ, grand voyage, théâtre des opérations, conflits. Pourtant ces substitutions ne doivent  pas cacher la réalité. Notre continent connait une guerre qui est polymorphe. Certains préfèreront le mot “hybride” qui semble plus à la mode et que tous reprennent en cœur. Une guerre est une guerre et pour certains la fin doit justifier les moyens. Cette guerre est sur le front en Ukraine, mais aussi sur notre territoire. Elle se traduit sous des formes de guerres, commerciale, sociale, de communication, cyber, de sabotage, de terrorisme. La souffrance, autrefois localisée à une région ou à un pays, s’est aussi mondialisée. Alors ce matin, dans ce petit village des Flandres Françaises où je vis, j’ai regardé ces enfants qui chantaient la Marseillaise face au monument aux morts. Le maire, sous un soleil radieux,  a lu l’allocution du ministre de la défense. Je me suis demandé si chacun avait conscience de la situation ? L’ attention se porta sur une sono défaillante mais qu’allait-il rester  de tous ces mots ? Cette séquence n’était-elle qu’une simple routine ?

La « Der des der » n’aura pas eu lieu, mais je veux rester optimiste en espérant qu’un jour la sagesse des hommes l’emportera sur les discours. Je ne peux m’empêcher de citer Clausewitz qui dès le premier chapitre De la guerre définit trois pôles qu’il nomme la “remarquable trinité ” : “Le premier concerne essentiellement le peuple ; le deuxième, le chef militaire et son armée; le troisième, le gouvernement (..) Ces trois pôles entretiennent des relations réciproques variables.” Il s’agit ici d’un espace de trois compartiments construisant l’identité de la guerre. Les conflits se caractérisent par ” l’équilibre entre ces trois pôles comme un objet suspendu entre trois aimants” ( De la guerre, vol I,1.). L’histoire montre que, dans le développement d’un conflit, les gouvernements perdent progressivement leur liberté d’action au profit des armées, qui la perdent ensuite également progressivement au profit du peuple, celui-ci restant l’éternel ultime arbitre ( Entrer en stratégie, Gal Vincent Desportes).

L’avenir, ce n’est pas ce qui va nous arriver, mais ce que nous allons faire.

( Henri Bergson)

 

Vous trouverez ici  le discours de M. Sébastien Lecornu, Ministre des Armées et de Madame Patricia Miralles, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, dans le cadre du 104e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.

https://www.meurthe-et-moselle.gouv.fr/contenu/telechargement/27620/192424/file/Message%20SL%20PM%20-%2011%20novembre.pdf

Catégories : Défense